Bataille de Servigny-lès-Sainte-Barbe*
- Thierry Tareau
- 6 janv.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 févr.

Extrait du livre « Mémoires d’un Prisonnier Français à Thorn », page 77.
Le jeudi 31 août, un soleil radieux se levant de bon matin devait encore éclairer une boucherie humaine, car à peine ses premiers rayons arrivaient-ils jusqu’à nous que nous nous rangions en bataille.
Mais depuis cinq heures du matin jusqu’à quatre heures du soir, nous attendîmes en vain un ennemi qui ne se présenta point.
Enfin, à quatre heures du soir, selon une habitude, il se présenta et accepta la bataille.
Inutile de dire que d’un côté et de l’autre, les pertes furent sensibles, cependant, à 7 heures du soir, les clairons commencèrent à sonner la charge à la bayonnette (ou baionnette ; le nom vient de la ville de Bayonne, où étaient fabriquées ces armes, Ndlr), charge meurtrière et cruelle pour l’ennemi, mais qui coûta la vie à bien des soldats français car le village de Servigny était occupé par l’ennemi qui s’y était retranché et qui mitraillait nos troupes à bout portant (charge qui coûta la vie à un de mes pays et camarade). La nuit mit fin à ce massacre.
Mais à peine le soleil se montrait-il à l’horizon que l’attaque recommença comme de plus belle et continua jusqu’à midi. (Là encore comme ailleurs, se voit l’infâme trahison du Maréchal Bazaine).
Le soir, au lieu que de faire distribuer des vivres à ses soldats épuisés par le combat de la veille et de faire à la hâte quelques tranchées, il ne se donna même pas la peine de visiter son champ de bataille, de manière que lorsque l’ennemi se présenta et attaqua le lendemain, il fallut, après avoir perdu beaucoup de monde, se replier sur Metz et laisser de nouveau soudé le cercle de fer qui étreignait cette ville et l’armée. S’il avait voulu cependant, s’en était fait des Prussiens car eux-mêmes nous l’ont dit bien des fois depuis, que ce soir-là, ils étaient en pleine déroute.
A midi, la bataille était terminée et nous venions camper au village de Vallières**, où nous sommes restés jusqu’à la Capitulation.
*Servigny-lès-Sainte-Barbe est située dans le nord-est de la France. Elle se trouve entre la plaine de la Woëvre, le plateau lorrain et le massif palatin. La bataille de Noisseville-Servigny, appelée plus simplement bataille de Noisseville ou encore bataille de Sainte-Barbe, eut lieu du 31 août au 1er septembre 1870. Elle se termina par une victoire prussienne.
**Vallières est un ancien petit village et une ancienne commune de Moselle au pied des fortifications messines. Envahi plus d’une dizaine de fois du Moyen Âge à l’Époque moderne, au gré des divers sièges de Metz, le village s’est toujours relevé de la ruine grâce à la richesse de ses hectares de vigne.
L’extraction et la transformation de la pierre à chaux, très prisée dans tout le pays messin, concourait, elle aussi, à la subsistance des habitants.


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