top of page

La bataille de Saint Privat, le vendredi 19 août 1870

Dernière mise à jour : 14 mai

La bataille de Saint Privat, le vendredi 19 août 1870

Un épisode vécu par Marie-Joseph Guétré, jeune soldat de 23 ans enrôlé sur le front de l’est, musicien baryton et brancardier durant la guerre 1870 - 1871. Il y écrit : « Nous nous sommes levés ce matin à cinq heures, ce qui fait que nous avons dormi quelques heures tranquilles, bonheur que nous n’avions pas eu depuis quinze jours au moins, car depuis ce temps nous n’avons pas campé une seule fois.

Ici quelques heures, demain là, et après-demain, ailleurs, voilà quelle a été notre existence.

En disant que nous avons dormi tranquille je me trompe beaucoup car la nuit ne s’est point passée tranquillement, bien au contraire.

Une frayeur inconnue jusqu’alors nous était réservée.

Vers minuit de tout le camp retentissent ces cris : Aux armes, aux armes ! …

Dire ce que j’ai éprouvé de frayeur est impossible ainsi que tous les camarades.

Imagine-toi, Léonie (sa soeur, NDLR), entendre au milieu de la nuit, plusieurs milliers d’hommes crier, croyant que l’ennemi arrive lorsque l’on ne voit ni ne distingue rien, où l’on peut tout-à-fait bien tuer son camarade, où le Français peut égorger le Français et tu auras une petite idée de ce qui se passa cette nuit- là.

Pour moi comme beaucoup d’autres je ne pensais qu’à prendre un fusil et à me défendre bravement.

Au bout d’un quart d’heure le silence se rétablit et chacun se fourra sous sa tente.

Une chose qui ajoutait encore à ce chaos quelque chose de triste, c’était d’entendre peut-être plus de cent clairons sonner je ne sais quelle marche afin de prévenir plus promptement les hommes pour prendre les armes, ce son entendu la nuit en pareille circonstance a quelque chose du glas funèbre. Devine quelles pensées m’agitaient en ce moment.

A deux heures la même chose se renouvela, mais personne n’y prit garde.

C’était ce qu’on appelle de fausses alertes ; une sentinelle probablement ayant jeté un cri, fut la cause de tout ce tumulte.

Dans cette plaine était massée au moins cent et quelque mille hommes, aussi la rumeur fut elle immense au moment où les sentinelles poussaient le cri « Aux armes ». 

​​

© 2022 - 1870 - 1871

bottom of page
openai-domain-verification=dv-5qjdhtyCUXsr9i8hjlI4LYi4